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L' Œuvre invisible

La collection constitue déjà une oeuvre en soi, l’œuvre d’un collectionneur. La somme des œuvres garde sourdement la véritable oeuvre qui ne peut s’entrapercevoir que par une forme possible d’anamorphose ‒ le terme étant à prendre ici comme métaphore d’un dispositif qui structure un paysage artistique. En ce qui concerne la collection QUASAR, l’anamorphose fonctionnerait comme l’exposition elle même, avec les différentes mises en perspective de lectures des oeuvres qui permettent, par un jeu de perception et de transformation de l’image, de faire apparaître le « portrait » de celle-ci. Comme dans les Vexierbilden allemands du XVI siècle, un paysage apparent cache une image secrète. Structure cryptique et ambiguë de l’œuvre.

Pour que les oeuvres visibles cessent de capter l’attention en dissimulant l’oeuvre secrète, il faut se poster au point où la perspective exacte s’établit. L’oeuvre invisible, c’est la métaphore des « facultés mentales » de la « puissance » de l’esprit en tant qu’elle s’oppose à l’être en acte de l’oeuvre (visible). L’œuvre invisible, celle qui ne se montre pas, celle qui se cache et que les actes manifestes sont faits pour dissimuler. Nous retrouvons ici ce que Léonard de Vinci rappelait au sujet de l’art : « la pittura è mentale » , à savoir que c’est « una cosa mentale » .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La scénographie des mises en perspective des œuvres nous laisse apercevoir un art de la suggestion des correspondances, une cohérence interne qui nous ouvre à la question de l’inspiration. Nous avançons pour cette collection l’hypothèse que son exposition sera une possibilité, parmi bien d’autres, de la révélation de cette œuvre invisible. L’œuvre cachée (somme de toutes les œuvres, la collection),

par le pouvoir d’être en exposition, doit illustrer une ou des réponses à la crise de l’art contemporain, celles de l’art dans le contexte historique de cette fin de XX siècle.

En quelque sorte, une « méta-œuvre » qui donnerait sens à cette crise qui n’a pas cessé d’être désoeuvrée. Mais comme le dit Borgès, « n’oublions pas que dans le cas de ces maîtres, cette sorte d’algèbre ou de partie d’échecs doit correspondre à une émotion ».

- Jean-Claude Thevenin - 2016

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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