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INFERIEUR OU EGAL A 65x82

Avec les œuvres de :

Maya ANDERSSON - BEN - Pierre ANDRE - Stéphane BORDARIER - Jean-Pierre BOURQUIN - Pierre BURAGLIO - Hélène DELPRAT - Christophe DOUCET - Daniel GERHARDT - Denis GODEFROY - Stéphane HAZERA - Jean-Paul HUFTIER - Fabrice HYBER - Joël KERMARREC - Jeanne LACOMBE - Luc LAURAS - Anne PESCE - François MARTIN - Jean-Claude PINCHON - RURIK - Miguel SANCHO
 

Peyrehorade / Novembre 2022 >> Mars 2023

Commissariat de l’exposition

Jean-Jacques et Emmanuel Lesgourgues

© photographies Nicolas Bouriette

Quasar Donation Lesgourgues présente dans sa galerie à Peyrehorade, des artistes de la collection dans un ensemble cohérent de petits formats qui furent très peu présentés jusqu’alors: peintures, dessins , gravures, livres d’artistes, sculptures. Petits formats sur de multiples supports, de châssis carrés, rectangulaires, ovales, ronds… Ces Formats basés sur des rapports mathématiques liés en partie au nombre d’or, produisent dans leurs réductions métriques , une dimension artistique au même titre que les tableaux de grande taille. Ils revendiquent leur autonomie, sont considérés comme de véritables œuvres. 

Techniquement et traditionnellement, les formats de toiles sont classés en trois catégories selon des principes d’harmonie : Figure, Paysage et Marine. Le format Marine a une dimension plus allongée que le format Figure qui se rapproche plus du carré. 

Ces petits formats s’exposent aussi par support papier, carton, ou altuglas, mais aussi à travers la pierre, le métal, le marbre, le bois et autres matières… 

Le format des papiers est similaire à celui des toiles. Il s’agit de proportions au mètre carré (A0 = 1m² ; A1 = la moitié de 1m², etc…). Il suffit de diviser les mesures chaque fois par 2 pour obtenir la taille inférieure. L’ancien système est d’ailleurs conservé de nos jours à travers le nom des formats : raisin, grand-aigle, jésus… 

Les « petits formats » présentés au cours de cette exposition n’excèderont pas, eux, le format 65X82 cm).

 

Considérés depuis longtemps dans la tradition de l’art comme mineurs, comme le furent les peintures de genre, ces formats ont été souvent qualifiées ainsi et aussi, de par la nature de leurs supports, médiums et dimensions. Ils s’opposaient au grand Art, la peinture d’Histoire de grande dimension. Mais cette réduction à un art mineur relève aussi du marché de l’art. La peinture flamande en fera un point fort de son développement, en parallèle avec la peinture de genre (paysage, nature morte, art animalier, scènes domestiques…). En sculpture, l’atelier de Jean de Bologne (sculpteur maniériste d'origine flamande) éditera des copies en bronze de petit format des commandes monumentales d’œuvres du maître, cela pour un marché de collectionneurs très prospère. 

Les petits formats appartiennent historiquement à l’univers du livre comme illustrations de textes, Les très riches heures du duc de Berry, en sont un très bel exemple, le manuscrit contient 66 « grandes » miniatures et 65 « petites ». Plus tardivement, à l’ère de la reproductibilité technique avec l’imprimerie et la gravure, les estampes japonaises appelées gravure sur bois ou xylographie, sont devenues des images populaires bon marché. 

La miniature, qui dérive du latin minium, peinture rouge servant à tracer les lettres des enluminures, définit spécifiquement une peinture exécutée par des miniaturistes de diverses traditions qui représentent des sujets en changeant d’échelle. La miniature ne saurait être confondue avec le détail, le fragment. Elle donne de l’objet représenté une vision totale et complète, en réduction, qui n’est ni fragmentaire ni partielle, comme par exemple la miniature persane. La miniature renvoie à l’expertise technicienne des artistes qui offrent un imaginaire particulier, poétique bien souvent. Ces artistes réduisent les dimensions de l’objet représenté pour offrir d’autres sens à déchiffrer, à décoder. Ils continuent à considérer ces formats comme des dispositifs qui constituent leurs propres finalités, comme une œuvre d’art à part entière qui change notre rapport au monde et modifie notre regard. 

 

Qui énonce petits formats, renvoie aussi au modèle réduit dans la tradition artistique et à son histoire jusqu’à présent. 

      « Il semble bien, écrit Claude Lévi-Strauss dans La Pensée sauvage, que tout modèle réduit ait vocation esthétique – et d’où tirerait-il cette vertu constante, sinon de ses dimensions même ? (…)  même la « grandeur nature » suppose un modèle réduit, puisque la transposition graphique ou plastique implique toujours la renonciation à certaines dimensions de l’objet : en peinture, le volume ; les couleurs, les odeurs, les impressions tactiles, jusque dans la sculpture ; et, dans les deux cas, la dimension temporelle, puisque le tout de l’œuvre figurée est appréhendé dans l’instant. (...) 

    Autrement dit, la vertu intrinsèque du modèle réduit est qu’il compense la renonciation à des dimensions sensibles par l’acquisition de dimensions intelligibles ». 

Henri Focillon à propos de la miniature occidentale emploiera lui, le terme de « vertige de la réduction » parce qu’elle donne l’illusion d’une peinture de chevalet dans un espace réduit.

 

Nous laisserons le spectateur déambuler au rythme de ses sensibilités, de ses imaginations, dans ce dédale de petits formats. Savourer la richesse de ces formes et supports, s’enrichir de ces multiples approches esthétiques.

 

Jean-Claude Thévenin 

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